Première partie de la
Trilogie des illusions
Nouvelle édition revue par l'auteur
1ère édition : 2000 - Ed. ThéGlacé
Contrairement à l'édition précédente, le roman n'est pas
suivi de nouvelles.
Il va falloir avouer qu'Au
rythme des déluges est son odeur de l'Inde. Et
quand Patrick Lowie pense à ce texte, il pense aux enfants
de Bombay perdus dans un monde qui n'est pas le leur. Il se
souvient de cette jeune fille qui traversait les rues de la
ville, une couronne de jasmin au cou. Il s'est retourné,
tout le monde s'est retourné et ce mouvement lui revient.
Perpétuel. Ce livre est un mystère profond. Ce n'est ni lui
ni un autre. Juste des images et des lettres. L'idée de
Pedro le narrateur qui vole tel un pigeon au-dessus de
Lisbonne et qui ne se décidera jamais à se décider lui reste
gravée. Les pigeons de Lisbonne ne sont peut-être que les
rats de Bombay. Des rats volants et le silence d'un homme
seul - même s'il est Américain - à la recherche de la sortie
du labyrinthe dans lequel il s'est fourvoyé. Désormais,
Patrick Lowie collectionne les regards. Comme pour s'offrir
l'âme des autres, Au
rythme des déluges est un regard aussi. Un
chassé-croisé de regards dans un espace sauvage où les corps
n'existent plus. La sexualité n'y trouve pas sa place. Non
par pudeur mais par ennui. L'antipathie du narrateur est une
pièce maitresse du jeu car, tout en ne pouvant s'identifier
à cet homme incohérent, on pourrait tout de même y découvrir
certaines de nos propres incohérences. Cela jette un trouble
qui le fait frémir de plaisir.
Quatre heures du matin. La musique de Jason Rebello bourdonne dans mes oreilles qui n'en peuvent plus de bourdonner. Les rues se sont enfin vidées. Lisbonne est devenue une ville de fous. Tout le monde sort. C'est à cause de la chaleur peut-être. J'hésite à prendre un taxi. Marcher jusqu'à la maison. Prendre l'air. Penser. Les lumières qui éclairent le château São Jorge s'éteignent. La nuit semble enfin s'endormir.
Thé Glacé s’intronise sans complexe et publie avec Au Rythme des Déluges, de Patrick Lowie, un ouvrage d’une beauté abyssale. Cet ensemble de textes à la simplicité confondante, aux sentiments déployés et à l’atmosphère empressée est une des plus belles surprises de ce début d’année.
Armando Cavaroz
Pedro, personnage principal de Au Rythme des Déluges, est à vrai dire assez attachant et prodigieusement insupportable, ne peut prendre une décision, ni assumer ses désirs, ses projets. Très singulier, il va conduire à une réflexion dirigée par l’écriture fine et souple de Patrick Lowie. C’est aussi un livre des sens, des regards, odeurs, touchers, un livre qu’on pourrait presque entendre. C’est encore un livre du choc des incohérences et incompréhensions, auxquelles – n’est-ce pas – il est vital de penser. En un mot comme en mille, un très beau roman.
Le Petit Kama – Août 2005