Chroniques de Mapuetos - épisode 4
Prix Gros Sel du Public 2015
Court texte sur la danse, les chats, l’amour invisible qui
se transforme en mort invisible dédié au chorégraphe et
danseur Claudio Bernardo car il a su mettre des jambes qui
volent aux mots de Pessoa et des bras qui embrassent aux
poèmes de Pasolini.
Suivi de croquis attribués
à Marceau Ivréa et restaurés par Pascal François.
Les croquis, véritables chefs-d’œuvre, nous présentent
Mapuetos. Patrick Lowie les attribue volontairement à
Marceau Ivréa même s’ils ne sont pas signés. Cette première
série de dessins faisaient partie de la farde « à publier »
qu'il a pu découvrir dans les archives du Palais de Justice
de Bruxelles. En mauvais état, il a demandé au sculpteur
peintre Pascal François de les restaurer.
On a beau dans ces moments esquintants – tant le réveil peut-être épuisant – s'extraire de l'obscurité qui envahit pour nous effrayer. Percevoir que ce n'est pas la nuit noire qui nous affronte mais l'immense vérité qui s'y était cachée. Et de s'en arracher la peur au ventre car la peur d'aimer n'a pas l'effet placebo escompté. (...)
L'atmosphère est lourde comme tout ici à Mapuetos les corps déchirés de toutes parts par ces pressions atmosphériques éristiques. L’oeil encore effacé je lève le bras adagio pour atteindre l'étirement. Les dix doigts s'amusent en se jouant un pas improvisé qui pourrait être ma vie. J'entends mes doigts traficoter. Pour leur survie.
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Dans le charabia de mots, la littérature a le corps d’un ange et l’enjeu est dès lors de ne pas laisser ensevelir par « le flot brûlant de sa splendeur ». Là encore, rompant avec ces personnages littéraires qui trouvent la quintessence de l’amour au moment où l’être aimé prend possession de leur âme, les délires de Charabia restent une déclaration d’amour.
Jean Zaganiaris,
Enseignant chercheur CRESC/EGE Rabat, Cercle de littérature
contemporaine
Libération Maroc,
Jeudi 21 Mai 2015
Des poèmes qui ne sont pas écrits en charabia comme le titre semble l’indiquer (à moins que le charabia ne soit le sabir des chats) mais plutôt dans une langue qui retient le sens, maintient la nuit en plein jour, l’éveil en plein sommeil – à moins que ce ne soit l’inverse. Une langue qui ne cesse de nous défier de ses incongruités et de ses paradoxes. Qui, tout d’abord, nous laisse croire à notre victoire sur les écarts poétiques puis nous fait comprendre qu’ils sont irréductibles.
Michel Zumkir
Les carnets et les instants,
Revue des Lettres belges francophones, 9 juin 2015