Caligula n'est pas prêt, pas préparé, pas
conçu pour être à la tête d'un empire colossal. Replié dans
les sous sols du palais, face à la nuit et à ses démons, il
nous offre l'intimité d'un homme-enfant égaré...
Insomniaque, il s'entoure de femmes, de louves à fleur de
peau qui veillent sur lui et sur leurs places dans la meute.
Sa soeur Drusilla le pousse à se façonner en tyran, à
s'aiguiser comme une lame. Mais effrayé à l'idée de devenir
un homme, plus encore, un homme de pouvoir, il tombe malade
et s'endort. A son réveil, Caligula accepte de bâtir son
monde sur le lisier du chaos et se proclame « Dieu vivant ».
Drusilla meurt et le précipite un peu plus vers la
monstruosité. Le texte d'Alain Cofino Gomez se termine comme
un clin d'oeil, là où commence le célèbre texte d'Albert
Camus.
La pièce a été jouée au Théâtre des Cordes à Caen en 2011
Je sais que quelque chose se forme contre
ma vie. Ici dans les endroits les plus familiers du palais,
une force ennemie à mon intimité veut me voir défait, crevé
dans la mare de sang. Tu sais cela aussi mon tendre ami, tu
dois le savoir. Rien ne pourrait me convaincre du contraire.
Peut-être même es-tu de ceux qui fomentent en secret la fin
d’un princept.
Oui, je veux bien croire cela. Rien ne m’étonne plus. Il y a
de quoi être mécontent, je suis un mauvais maître, je n’ai
mené Rome nulle part. Rome a fait un tour sur elle-même
voilà tout, voilà ce que diront les annales de ma pauvre
gouvernance. Mais écoute-moi bien, cela m’est complètement
égal. Je serai parvenu à reculer l’échéance, chaque jour,
j’ai gagné sur la mort un tout petit peu de temps. Je ne
crois pas que cela ait un sens. Non. Mais je vais encore me
donner du temps.
Aucune référence actuellement